Les contestations électorales américaines ou le tourment d’une démocratie traditionnelle

L’organisation des élections américaines est vieille de plus de deux siècles. La première a eu lieu depuis 1787 avec l’adoption de la constitution. Donc, l’exercice des pratiques démocratiques entre dans les gènes même du corps social américain et constitue les réflexes du citoyen en terme de prise du pouvoir. C’est d’ailleurs le principal mode opératoire de transfert de pouvoir dès la création de l’État des États-Unis d’Amérique. Et, ils ont su préserver ces pratiques en guise de tradition, ce, malgré certaines irrégularités pourtant légères, grâce au roc solide sur lequel fondent leurs institutions démocratiques.

Cependant, cette dernière élection tenue le 3 novembre 2020 se révèle la plus tonitruante à cause des contestations émises par le président sortant Donald Trump ainsi que ses diverses déclarations à la fois controversées et incitatives à la violence.

Ceci étant, serait-il le résultat d’un non-conformisme à la politique traditionnelle americaine, puisque Donald Trump est un “outsider” politique provenant hors de la moule politique américaine? Car, il voit et dit tout sans réserve aucune.
Ou bien, serait-il la manifestation d’une forte personnalité d’un homme d’affaire voulant satisfaire à tout prix l’égo de sa réussite en tout temps, tel qu’il aurait pu faire pour maximiser son profit entrepreneurial?

En tout cas peu importe la validation de l’une des interrogations ci-dessus, cela ne laisse pas indifférentes l’inquiétude et la moquerie des opinions nationales et internationales quant au rôle États-Unien de gendarme de la démocratie dans le monde.

Il faut rappeler qu’au-delà du vote populaire, trois étapes sont cruciales pour l’entrée en fonction du président élu Joe Biden: la première est le vote définitif des grands électeurs dans leurs États respectifs le 14 décembre, la seconde est la validation du vote des grands électeurs par le Congrès américain le 6 janvier, et la dernière est l’investiture de Joe Biden le 20 janvier prochain.

Hier, soit le mercredi 6 janvier 2021, à l’enceinte du Capitole, siège où est logé le congrès americain, la démocratie américaine, en dépit de la résilience de ses institutions, a été mise à l’épreuve. Du jamais vu à l’espace sacré américain. À l’instar du parlement haïtien le congrès a été investi par des insurgés tantôt dénommés manifestants.

Et, c’est peut-être un avant-goût de ce qu’on pourrait attendre à l’éventuelle investiture du président élu Joe Biden le 20 janvier prochain, puisque se référant aux principes dominants de la personnalité Trumpiste, relatés dans son ouvrage ” l’art du deal”, Donald Trump ne pensera pas à lâcher la corde.

En définitive, la persistance de Donald Trump dans cette démarche contestataire peut être attentatoire à la santé interne du parti Républicain car déjà des réactions quant au danger qu’il représente pour la démocratie américaine pleuvent du côté des membres du parti. C’est le cas de Mike Pence qui, ayant toujours été un fidèle vice-président républicain, s’est obligé de se placer au côté du respect de la constitution americaine au lieu d’obéir aux ambitions Trumpistes: ” À ceux qui ont semé le chaos dans notre Capitole aujourd’hui : vous n’avez pas gagné. La violence ne gagne jamais. ..” disait Mike Pence. Le Sénateur Républicain Mitt Romney qui n’est pas du moindre a lâché Donald en disant : “Ne comptez plus sur moi. Assez, c’est assez.” Donc, cette fragilité interne, en cas où elle aurait été cristallisée, pourra éventuellement solder à l’échec dudit parti, ce, au profit d’un second mandat des démocrates aux prochaines joutes de 2024.

Et ce n’est pas fini, car Donald Trump même après l’ultime étape de passation du pouvoir pourra tenir tête à l’acceptation qu’il soit perdant à cette élection, ainsi pourra-t-il continuer sa provocation même à travers des tweets. D’autant plus que la société américaine est déjà divisée sur la question de Trump et d’autres sujets. En effet, le résultat serait encore attentatoire au prestige de la démocratie americaine comme étant donneur de leçon démocratique à l’échelle mondiale

Ainsi, peut-on encore se questionner sur le fait qu’il serait la fin de la primauté de la morale americaine en matière de démocratie?