Création d’ANI : le retour des milices ou l’ institutionnalisation de l’ impunité?


Par un arrêté rendu public, le président de la République Jovenel Moïse a pris, contre toute attente, la décision de créer l’Agence nationale d’intelligence (ANI), qualifiée de par des observateurs avisés, des analystes politiques et des politiciens de « Tontons  Macoutes » en se basant sur la mission de celle-ci et sur des articles du décret.

Désormais le pays est doté d’une Agence nationale d’ intelligence (ANI). Le décret portant la création de cette nouvelle structure a été publié, le jeudi 26 novembre 2020 dans le journal officiel « LE MONITEUR ». Elle a pour mission la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière de renseignement et de contre-renseignement.

Se référant à cet arrêté rendu public, cette Agence a pour mission, entre autres, de collecter et traiter les informations intéressant la sécurité nationale et la protection des intérêts fondamentaux de la nation, collecter, traiter et gérer l’information et le renseignement visant la sécurité intérieure et extérieure, la sauvegarde de l’intégrité du territoire de la République, assurer la prévention et concourir à la répression de toute forme d’ingérence extérieure de nature à mettre en péril la nation, l’intégrité du territoire et l’ordre républicain aussi,  concourir à la prévention et à la répression des actes de terroristes et dérives sectaires ou porter atteinte à la sureté de l’Etat, à l’intégrité du territoire et à la permanence des institutions de la République. Participer à la surveillance des individus ou groupes susceptibles de recourir à la violence et de porter atteinte à la sécurité nationale et à la paix sociale; concourir à la fonction de surveillance du territoire, collecter et traiter les données y relatives.

De plus, l’ANI aura pour mission également de contrecarrer et réprimer les actes et les menaces de déstabilisation globale;  travailler au profit du gouvernement et en collaboration étroite avec les autres organismes concernés, rechercher et exploiter les geignements intéressant la sécurité d’Haïti, ainsi que de détecter et entraver, hors du territoire national, les activités d’espionnage dirigées contre les intérêts haïtiens afin d’en prévenir les conséquences…

Considérant sa mission, sa structure et son mandat, ils sont légion ceux qui commencent à se douter, et à se poser des questions notamment la suivante: est-ce le retour des tontons Macoutes et/ou à l’ordre de fer ? Ont-ils raison ou tort d’avoir peur ou de s’inquiéter ? Le président Jovenel Cherche-t-il à faire peur à ceux qui nourrissent l’idée de réclamer son départ le 7 février prochain?

Selon certains des analystes, observateurs et fins connaisseurs de la chose publique en Haïti, le chef de l’Etat veut consolider son pouvoir à l’approche du 7 février 2021. Nonobstant, c’est le début d’une nouvelle étape pour le régime.

Sans ciller, et sans langue de bois des opposants répliquent. Agence nationale d’intelligence mafieuse criminelle. L’histoire retiendra les noms de ceux œuvrant à l’installation du corps des tontons macoutes. Principaux noms des ennemis du peuple haïtien : Jovenel Moïse, Joseph Jouthe et Claude Joseph a déclaré Biron Odigé.

Pour le professeur Victor Benoit, ANI est une milice à l’image du corps des volontaires de sécurité nationale créé en 1958 par le président François Duvalier. Il estime donc que la création de l’ANI s’inscrit dans le cadre des actions de l’exécutif visant à donner une base institutionnelle à son projet dictatorial.

Pour le Porte-parole du Plan d’Action Citoyenne (PAC), M. Abdias Alexis, ” il y a une volonté accrue du gouvernement d’installer la dictature en Haïti, si ç’en est encore pas le cas. Avec le décret qui crée l’Agence Nationale d’intelligence, Jovenel Moïse met sur pied un organe qui pourra traquer tous ses adversaires politiques. Il est même écrit dans l’arrêté que les membres de cette agence ne peuvent faire objet d’aucune poursuite pénale “, a-t-il poursuivi.

Tenant compte de la dégradation de la sécurité publique, le pays a besoin d’un centre de renseignement digne de son nom.  Mais l’Agence créée par le président Jovenel Moise et la lourde mission accordée à celle-ci laisse planer des doutes, notamment en fonction du contexte actuel, où les hommes du régime en place cherchent par tous les moyens d’augmenter leur pouvoir, de créer la peur et surtout de consolider ce pouvoir.

Fort de toutes ces considérations et pour bien d’autres encore, il est évident de demander est-ce le retour de l’ordre de fer de 1958? particulièrement en nous référant à l’article 49 du décret qui stipule : « qu’aucune action en justice ne peut être intentée contre un agent pour ses actes posés dans l’exercice de ses fonctions sans les sanctions administratives préalables de l’inspection générale des services de renseignements et sans l’autorisation expresse du président de la République. l’ Impunité institutionnalisée serait-elle en train de se renforcer davantage dans notre bossalocratie?